Retour critique sur la mobilisation antifasciste du 17 décembre 2016

ob_4a83a0_15556236-1247059912007075-367039011-oSamedi 17 décembre 2016, la campagne Bruxelles Zone Antifasciste appelait à bloquer le congrès des néo-nazis de l’APF (Alliance for Peace and Freedom). Le rassemblement a mobilisé 100 à 150 personnes dès 10h au Square de Meeûs avant de partir en manifestation sauvage, manifestation qui sera durement réprimée avec environ 60 arrestations. Il nous semble important de revenir sur quelques éléments d’analyse de cette journée, même si l’essentiel des « leçons » politiques que nous devons en tirer doivent se faire en assemblée démocratique où chacun-e peut s’exprimer et prendre position.

Le Congrès « caché » des néo-nazis

L’extrême droite en Belgique comme ailleurs semble de plus en plus certaine de son programme et affirme être du côté des classes populaires. Cependant, lorsqu’elle organise un congrès européen, elle est obligée de conserver secrets le lieu et le détail de ses activités. C’est une pratique courante pour les petites formations fascistes ; c’est plus étonnant pour un parti comme l’APF qui prétend être fréquentable et visible. Ce dernier dépense donc beaucoup d’énergie à se protéger des mobilisations antifascistes. Nation a ainsi servi de Service d’Ordre à l’APF et pendant les jours qui ont précédé le congrès, des militants nationalistes montaient la garde dans les locaux de l’APF par peur d’un sabotage.

Le secret entourant ce congrès a donc compliqué l’organisation de la riposte antifasciste (et c’est bien le but de ce genre de manœuvre). Cependant, un texte publié sur un blog annexe de Nation, destiné à un public plus « militant », avait vendu la mèche quelques jours auparavant. En effet, sur ce blog, un militant de nation affirmait que les locaux de l’APF accueilleraient le congrès.

L’un de leurs militants affirmait ainsi « Hier soir, j’ai monté de garde dans les bureaux de l’APF à Bruxelles. L’APF est une alliance de partis nationalistes d’Europe et dont mon groupe Nation fait partie… […] Ensuite sur le fait que sur toute cette semaine, les volontaires ne se sont pas bousculés…alors que l’enjeu est de taille : empêcher qu’on ne sabote ce local afin que puisse s’y dérouler un congrès ce samedi. »

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Il s’agissait peut-être d’un leurre, mais cela semblait suffisamment plausible puisque l’APF affirme depuis avril 2015 que ces locaux sont leur quartier général et ont pour fonction d’accueillir meetings, congrès et autres activités publiques. Si l’APF et Nation sont prêts à publier de fausses informations sur leurs sites, cela signifie dans tous les cas qu’ils craignent profondément les mobilisations antifascistes.

Sans certitude quant au lieu du congrès, peut-être aurions-nous dû réévaluer notre action et être moins ambitieux-ses en appelant à un simple rassemblement.

La Bourgmestre d’Ixelles et la police rentrent dans la danse

Nous avions donc décidé d’appeler à nous rassembler place du Luxembourg (pour ensuite se rendre au congrès) afin d’assurer la sécurité des participant-e-s et éviter un guêpier policier. Cependant, le 15 décembre, nous recevons un message de la police de Bruxelles Capitale Ixelles. En substance, ceux-ci nous annoncent que « suite à la décision de Madame la Bourgmestre d’Ixelles, tout rassemblement ou manifestation à la place du Luxembourg est interdit. Vous êtes invités à vous rassembler au Square de Meeûs, en respectant le règlement général de Police ».

Passons l’interdiction du rassemblement sur la Place du Luxembourg. Renseignements pris, il y avait ce jour-là des activités de Noël sur la place, pas étonnant dès lors que la Bourgmestre Defourny veuille assurer l’ordre économique capitaliste en nous chassant. Plus étonnant en revanche, l’autorisation de se rassembler sur le Square de Meeûs (ce que nous finissons par faire pour éviter un scénario comme à la Bourse en avril 2016, où le rassemblement antifasciste n’avait même pas eu lieu à cause de la répression policière). Les autorités communales/policières étaient-elles au courant du lieu réel du congrès de l’APF ? Aux dernières nouvelles, il semblerait que cette information ait bien été transmise par l’APF aux autorités communales/policières…

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Le jour même, le tristement célèbre commissaire Vandersmissen le précisera, nous sommes autorisé-e-s à nous rassembler Square de Meeûs uniquement, toute manifestation est interdite. Il était donc évident que la police avait pour ordre de la Bourgmestre de nous empêcher de partir en manifestation. La pratique du black block opérée par certain-e-s  n’est donc certainement pas la cause de la répression particulièrement brutale dont la mobilisation a fait l’objet, contrairement à ce que prétendent les médias. La présence de nombreux flics anti-émeutes,  d’une autopompe et de Vandersmissen (et non l’un de ses subordonnés) laissait clairement penser que la police avait pour ordre d’empêcher une manifestation sauvage vers un potentiel autre lieu de congrès.

10H Square de Meeûs

15369165_229093164168740_2480109713611522526_oLes manifestant-e-s ont commencé à se rassembler dès 10H et de 100 à 150 personnes ont été dénombrées. La mobilisation dans les milieux libertaires, antifascistes et autogestionnaires était d’ailleurs plutôt réussie. Nous savions que compte tenu du mot d’ordre de blocage nous pourrions compter sur un public essentiellement militant. Et ce fut bien le cas malgré notre volonté de rendre cette mobilisation la plus inclusive possible. Nous avons essayé de combiner un appel volontairement public avec une tentative de bloquer réellement le congrès des néo-nazis. Pour se faire nous avons organisé un briefing mais sans doute cela n’a-t-il pas suffit et à l’avenir il sera nécessaire d’organiser plusieurs espaces de discussion en amont.

Pour cette action, nous avions également essayé de mettre accent sur une mobilisation plus « nationale » et « européenne ». Et de fait, des « délégations » antifascistes néerlandophones, wallonnes ainsi que venant d’autres pays européens avaient fait le déplacement. Sans doute a-t-il manqué de coordination et d’informations pour que ces militant-e-s ne se sentent pas pris-e-s au dépourvu. Nous prenons donc acte de la remarque de l’UEC Strasbourg lorsque les camarades affirment : « Certes, la présence policière devant le siège de l’APF a été à l’origine du départ en manifestation sauvage, mais nous aurions préféré être arrêtés dans la tentative de bloquer le congrès plutôt que dans un cortège ayant perdu son véritable objectif. Une question à réfléchir collectivement avec toutes les forces qui partagent l’objectif de massifier le mouvement antifasciste international à l’heure où la réaction monte en puissance en toute Europe »[1]

Les néo-nazis absents

2016-12-23_151915A l’arrivée des manifestant-e-s à 10h, le local de l’APF était fermé et, dans l’heure qui a suivi le début du rassemblement, nous avons eu confirmation que le congrès aurait lieu plus tard. Il est apparu que malgré les annonces et les fanfaronnades des néo-nazis, le congrès avait été déplacé dans un hôtel bruxellois. Sous le poids de la mobilisation antifasciste ils se sont donc repliés dans un hôtel, caché de tou-te-s. Les flics étaient quant à eux présents pour protéger les locaux de l’APF et nous empêcher de partir en manifestation vers un autre lieu.

Néanmoins, si nous savions que nous serions peut être confronté-e-s à une absence, il nous semblait important de marquer le pas et de nous rassembler près du 22 Square de Meeûs à Ixelles. Car comme nous l’avons déjà affirmé ailleurs, ce sont ces locaux qui permettent aujourd’hui à cette alliance de néo-nazis européens de s’organiser, ces locaux sont une pièce maîtresse dans leur stratégie de développement. Les faire fermer, c’est leur couper l’herbe sous le pied et les empêcher de s’organiser.

Sur le départ en manifestation sauvage

Vers 11h, le rassemblement s’est transformé en manifestation et a rapidement remonté la rue du Luxembourg vers Trône. Trop rapidement parce que dans la précipitation, le bloc de tête n’a pas ou mal été formé. A l’avenir il nous semble indispensable de débattre des questions tactiques collectivement et de les soumettre à la volonté collective au préalable.  On ne peut simplement se remettre à la liberté individuelle lorsque certaines pratiques concernent chaque manifestant-e-s surtout quand la répression s’abat de manière indistincte. Ces réflexions doivent aussi prendre en considération l’indispensable solidarité lors des mobilisations.

Cependant, nous assumons notre part de responsabilité. Par manque de préparation et par précipitation,  il manquait d’une initiative claire à cette manifestation, ce qui a facilité le travail de la police.

Arrestations et violences

Engagé à tort sur la petite ceinture, le cortège a été pourchassé par les combis de police. Vandersmissen, en tête, a gazé les manifestant-e-s pour les repousser sur la droite de la chaussée, les combis en ont alors profité pour remonter la manifestation par ses arrières et la contourner afin de lui bloquer le passage. Dans cette course, ce que les médias et la police se privent bien de dire, c’est que trois personnes ont été heurtées par des camionnettes de flics. Dans au moins un des cas, il s’agissait d’un acte volontaire puisqu’un combi a ralenti au niveau d’un manifestant avant que le conducteur ne lui assène un coup de portière. Selon des témoins : « pour ce qui est de nos militant-e-s : le premier a été jeté au sol par trois policiers, il a reçu des coups dans les jambes et un policier lui a donné un coup de genou sur le crane alors qu’il était déjà menotté, puis s’est servi de sa genouillère sur sa tête pour le garder au sol ; le deuxième a été jeté au sol à trois reprises et a reçu un coup brutal à la jambe, alors qu’il obtempérait aux ordres de la police et se dirigeait vers le point de rassemblement des personnes arrêtées ; le troisième a reçu un coup de genou dans la colonne vertébrale alors qu’il était déjà immobilisé, D’autres manifestants ont reçu des coups violents après leur immobilisation, notamment des coups de genou et de matraque dans le visage »[2].

D’autres ont reçu des coups de matraque ou saignaient au visage. Un jeune homme s’est vu immobiliser au sol par plusieurs agents, subissant le poids d’un flic sur la colonne vertébrale. Une camarade, probablement heurtée par une camionnette de police souffre d’une fracture du fémur.

2016-12-23_153750Résultat des courses, environ 60 personnes arrêtées qui ont ensuite été colsonnées (avec des SERFLEX) et mises en ligne, assises les unes derrière les autres. Une manifestante témoigne : « C’est là que va commencer une après-midi d’insultes et d’humiliations misogynes, homophobes et racistes. Déjà, un policier passe entre les colonnes, son visage crispé par la haine en criant des « Bande de fils de putes, espèces d’enculés, vous avez que ça à faire hein ? Casser ! Vous êtes bons qu’à ça ! Bande de sales gauchistes, fils de putes ! », On comprend déjà ici le parti prit de ce policier qui ne nous étonne plus, je perçois à ce moment-là un dialogue entre une arrêtée, qui à encore le courage d’essayer de convaincre la police, et un policier lui répondant un classique « Je ne suis pas contre l’extrême droite car je suis pour la liberté d’expression. ». Pour parler de nous les flics disent « là, c’est les sales gonzesses » en le répétant plusieurs fois car ça à l’air de les faire rire.

Les hommes se font en premier embarquer dans les fourgons quelque peu brusquement, à ce moment un policier se penche vers nous et nous dit d’une voix mielleuse « Ne vous inquiétez pas, on sera plus délicat avec vous », pour encore une fois nous prouver le machisme ambiant de la police qui pense que les femmes sont de petits êtres fragiles. Non, nous ne sommes pas en porcelaine et nous ne voulons pas être traitées différemment car nous sommes des femmes.

Nous sommes donc embarquées dans les fourgons une après l’autre, certaines reçoivent des délicats « Ah nan je veux pas de ces greluches dans mon fourgon, elles sont sales ! » ou d’autres se font traiter de « petasse ».

Ce même-jour à 13h avait lieux une manifestation contre l’actuel président du Congo où ont participer près de 200 congolais.e.s, un policier dit alors à une femme noire également arrêtée qu’elle s’est trompée de manifestation et que la sienne est à 13h » [3].

Aux casernes d’Etterbeek, nous avons été divisé-e-s entre hommes et femmes et nous sommes resté-e-s pendant 1h à 1h30 colsonné-e-s, assis-es par terre à la suite les un-e-s des autres sur un sol froid à attendre d’être emmené-e un-e à un-e. Il y avait une volonté manifeste d’obliger les gens à rester dans une position inconfortable.

Nous avons ensuite été emmené-e-s individuellement dans une pièce ou deux inspecteurs cagoulés ont pris les gens en photo sous toutes les coutures (sous la supervision de deux autres inspecteurs). Pour ce faire, ces inspecteurs ont prétendu à certain-e-s qu’iels étaient en arrestation judiciaire. Il s’est avéré par la suite qu’il s’agissait uniquement d’une arrestation administrative. « Après les violences dans la rue, les mensonges, les insultes et le non-respect des procédures rendent légitime la question « qui nous protège de la police ? ». Dans ses prisons, la légalité bourgeoise montre toute son hypocrisie : les droits que l’on accorde aux interpellés ne sont que du crayon sur du papier, la volonté du policier est la seule loi ».

Continuer les mobilisations antifascistes

Il semble déjà que les violences, les coups, les intimidations sexuelles ou physiques, les insultes racistes, sexistes et homophobes aient déjà été balayés par les discours médiatiques et politiques. Déjà, les médias se sont fait le relais de la police et de la justice. L’indignation provoquée par la casse a surpassé la répression brutale des manifestant-e-s.

Mais la répression policière n’a qu’une seule source : la volonté politique de la bourgmestre d’Ixelles d’empêcher toute manifestation d’une campagne qui, semble-il, commence à déranger !

Le premier à en être incommodé semble être le pouvoir communal d’Ixelles, qui rappelons-le prétend à qui veut bien l’entendre qu’il ne peut rien faire alors que les agressions de migrant-e-s et de SDF sont avérées et que ces groupes possèdent un lourd passif de violences dans leurs pays respectifs. Cette incohérence, pointée par la campagne BZA, la Bourgmestre Defourny ne semble pas la porter fièrement. Les seconds sont les propriétaires du 22 Square de Meeûs, agacés de voir leur nom associé à des néo-nazis qu’ils abritent pourtant dans cet immeuble cosy, classé au patrimoine pour son style architectural et dont les appartements se vendent parfois à plus de 300 000 euros.

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Le 22 Square de Meeus fermé mais bien protégé

Sans pouvoir être qualifiée de réussite, cette mobilisation n’aura toutefois pas été veine. L’extrême droite a eu la plus grande peine à organiser son congrès. Elle n’a pas pu utiliser ses locaux, qu’elle paie pourtant à prix d’or dans un quartier bourgeois, et dont elle prétend faire le quartier général de ses activités. Au contraire, l’APF a dû s’exiler hors de son QG et a eu toutes les peines à trouver un lieu voulant bien accueillir son congrès. Nation qui organisait un « hommage » au tortionnaire coloniale Léopold II, a dû s’exiler à Namur et non à Bruxelles comme c’est le cas habituellement.

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Nation en mode service d’ordre pendant le congrès de l’APF

Les membres de Nation ont dû être mobilisés pour assurer le service d’ordre du congrès de l’APF, dirigé par les millionnaires italiens Roberto Fiore (pour la lutte contre le grand capital on repassera…). On sait désormais que Nation sert de milice et de service de gardiennage à l’APF, alors que sur le plan politique l’Alliance préfère collaborer avec le Vlaams Belang comme le prouve encore la visite de De Winter chez Aube Dorée en novembre 2016.

Les néo-nazis ont donc dû encore une fois se cacher sous la pression antifasciste. Bien sûr, nous n’avons pas réussi à bloquer le congrès qui a bien eu lieu. Ils ont également pu organiser un repas le soir sur la Grand Place dans la Brasserie la Chaloupe d’Or (le même restaurant qui avait accueilli le meeting du Vlaams Belang en avril 2014 alors que celui-ci était sur le point d’être annulé). Il nous faudra à l’avenir améliorer nos mobilisations et être plus efficace afin bloquer la montée de l’extrême droite et les empêcher de s’installer dans nos quartiers.

Cette répression ne fait que renforcer notre détermination et notre croyance dans la capacité populaire à faire fermer le local nazi, qui bénéficie de la complicité passive (et active dans certains cas) des autorités communales d’Ixelles depuis son ouverture. Ces autorités  n’hésitent pas à protéger l’extrême droite néo-nazie alors que dans le même temps elles font arrêter brutalement 60 militant-e-s antifascistes

[1]                     http://uecstrasbourg.over-blog.com/2016/12/repression-contre-les-antifascistes-a-bruxelles-le-temoignage-des-militant-e-s-communistes-interpelle-e-s.html

[2]                     http://uecstrasbourg.over-blog.com/2016/12/repression-contre-les-antifascistes-a-bruxelles-le-temoignage-des-militant-e-s-communistes-interpelle-e-s.html

[3]                     https://bxl.indymedia.org/spip.php?article12861

« Notre Slovaquie », les nouveaux néo-nazis membres de l’APF

L688ef4407ac4eb23defcfd9bccabe737ors de son dernier congrès annuel organisé à Bruxelles, l’Alliance pour la Paix et la Liberté (APF) qui regroupe plusieurs organisations néo-nazies européennes, en a profité pour intégrer un nouveau venu. Pas de « grand nom » au programme, mais un parti nommé « Notre Slovaquie » (Ľudová strana Naše Slovensko). Inconnu de la majorité du grand public, ce parti a pourtant fait parler de lui en Slovaquie et a franchement de quoi faire frémir. L’APF intègre ainsi un parti ouvertement néo-nazi qui possède 14 députés en Slovaquie et dont l’homme fort, Marian Kotleba, est aujourd’hui gouverneur.

Dirigé par Marian Kotleba et représenté au congrès de l’APF par le député Martin Belusky, « Notre Slovaquie » se définit comme étant un parti nationaliste, chrétien et « social ».

Le chef de « Notre Slovaquie », Kotleba a fait parler de lui en 2013 lorsqu’il a remporté les élections régionales de Banska Bystrica (centre de la Slovaquie) dont il est encore aujourd’hui le gouverneur. Kotleba fut également le fondateur en 2003 d’un groupuscule violent – Communauté slovaque, seul parti jamais dissous par les autorités depuis l’indépendance, en 1992. En janvier 2009, Kotleba s’est relevé de la dissolution de Communauté slovaque en fondant un nouveau parti, « Notre Slovaquie ».

2016-12-19_023600Jusqu’il y a peu Kotleba aimait s’habiller en uniforme des gardes Hlinka, la milice de l’état Slovaque collaborationniste entre 1939 et 1945. « Notre Slovaquie » en a adopté les manières, le salut, les symboles et la rhétorique.

« La garde Hlinka était la police de l’état Slovaque et participa volontairement aux plans d’Hitler. Elle opéra contre les juifs, les Tchèques, les Hongrois, les partisans de gauche et l’opposition. Par un décret du 29 octobre 1938, la garde Hlinka fut désignée comme seul corps autorisé à donner à ses membres une formation paramilitaire, ce décret lui donna un statut officiel dans le pays. Les gardes portaient un uniforme noir et une casquette ressemblant à un bateau avec un pompon en laine sur le dessus. Ils utilisèrent le salut nazi. […]En 1942, la garde Hlinka supervisait la déportation des juifs slovaques vers le camp de concentration d’Auschwitz. La Garde effectua régulièrement des rafles de Juifs durant les mois de printemps et en été. La déportation des Juifs par la garde Hlinka allait de pair avec la confiscation des biens juifs qui étaient en partie redistribués à des membres de la garde »[1].

L’état collaborationniste Slovaque était alors un régime autoritaire, fasciste-clérical, modelé sur l’Allemagne nazi, les Gardes Hlinka chassèrent avec enthousiasme celles et ceux qui étaient considérés comme les ennemis du régime.

Les juifs slovaques faisaient l’objet d’un accord unique datant de 1941. Le zèle du régime slovaque de l’époque était tel, qu’il proposa, selon un papier publié sur le site de la BBC, de payer 500 marks à Berlin pour chaque juif déporté vers l’Allemagne. On estime à 75000 le nombre de juifs slovaques tués dans les camps nazis.

Voici le régime politique que Marian Kotleba admire, tout comme les 13 députés de son parti. Régime qu’il décrivit comme « vivre au paradis ». De même il admire Hitler et ne s’en cache pas. Sur sa page facebook, il a ainsi décrit le führer comme « un artisan de la paix, un grand économiste, un orateur et un homme avec le cœur à la bonne place ».

Kotleba a possédé un magasin de vêtements pour nostalgiques nommé KKK, hommage morbide au Ku Klux Klan. Il a collaboré avec le parti néonazi allemand NDP. Il voue un culte obsessionnel à l’Etat slovaque clérical fasciste de 1939-1945, éphémère croupion du IIIe Reich, obtenu directement auprès d’Hitler par un prêtre catholique, Jozef Tiso. Père de la première nation slovaque, ce dernier est resté à sa tête durant toute la Seconde Guerre mondiale, avant d’être pendu par les Soviétiques en 1947.

Depuis qu’il est devenu gouverneur, les uniformes inspirés des Gardes Hlinka ont été mis au placard mais le programme politique reste le même. S’il a construit sa notoriété en faisant l’apologie de la Slovaquie nazie, il a aujourd’hui adouci son discours. Kotleba se concentre aujourd’hui sur des discours plus « mainstream », le racisme contre les populations Rroms (Kotelba est ouvertement rromophobe) qu’il qualifie de « parasites », l’Islam, les « sionistes » (entendez les Juifs). Et puis l’euro et l’Otan qu’il considère comme «une organisation terroriste, utilisée par les Etats-Unis, contrôlés par les sionistes, dans le but d’exterminer les autres nations». Et encore les Hongrois et les communistes.

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Jens Puhse, Marian Kotleba et Roberto Fiore

En mai 2015, un groupe de néo-fascistes italiens, emmenés par Roberto Fiore, dirigeant de Forza Nuova (l’extrême-droite néo-fasciste italienne), avait rendu visite à Marian Kotleba pour discuter de la question rrom. Dans le compte rendu publié sur le site de FN (Forza Nuova), le rédacteur évoque les échanges survenus lors de cette visite et cite des mesures dont il faudrait s’inspirer, comme l’instauration d’une police locale patrouillant dans les zones occupées par les Roms, là où la police nationale ne met pas les pieds. Marian Kotleba aurait à cette occasion affirmé sa volonté de faire partie de l’Alliance pour la Paix et la Liberté en Europe dirigée par Roberto Fiore, et à laquelle participent le NPD allemand (néo-national-socialiste) et l’Aube Dorée grecque.

 

C’est donc chose faite depuis ce 17 décembre 2016…

Sources :

http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2016/03/06/kotleba-slovaquie-fico-neo-nazi-15772.html

http://www.liberation.fr/planete/2014/01/13/slovaquie-marian-kotleba-fait-fuhrer_972478

http://www.bbc.com/news/world-europe-35739551

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Garde_Hlinka

Bloquons le congrès des Nazis européens #BlockTheNazis

15592588_1191069877635699_1350032056_nLe 17 décembre prochain l’APF, alliance européenne de plusieurs organisations néo-nazies organise son Congrès annuel à Bruxelles. Pour l’occasion des néo-nazis de différents pays européens débarqueront à Bruxelles. Des fascistes grecs, allemands, italiens, espagnols, britanniques, suédois, danois, belges, etc. seront donc réuni à Bruxelles où ils pourront développer leur programme pour une Europe raciste, sexiste et homophobes, etc.

Ce congrès de l’APF sera l’occasion, pour cette alliance et les organisations qui la compose, de tisser des liens, de se renforcer et d’intégrer de nouveaux groupes (comme cela est déjà annoncé). L’APF s’imposera ainsi comme l’une des principales alliances représentante de l’extrême droite la plus fasciste au niveau européen.

Concrètement, cela signifie également que pendant un week-end, des bandes de néo-nazis se baladeront à leur aise dans les rues de Bruxelles guidés par leurs homologues belges.

Nous refusons que des groupes qui ont du sang sur les mains puissent se balader tranquillement dans nos rues, nous refusons que Bruxelles serve de siège au renforcement de l’extrême droite fasciste ! Ne laissons pas Bruxelles devenir la capital de l’Europe Nazie le temps d’un week-end !

Pour toutes ces raisons et plus encore, la Campagne Bruxelles Zone Antifasciste appelle à bloquer le congrès des néo-nazis européens !

Jeunes, travailleurs-euses, femmes, LGBT+, racisé-e-s, syndicalistes, précaires, militant-e-s, c’est à nous d’agir !

Face aux mobilisations de la campagne BZA, les néo-nazis de l’APF savent qu’ils ne sont pas les bienvenus à Bruxelles. Les mobilisations de rues de la composante belge de l’APF (Nation) souffrent déjà de la pression des militant-e-s antifascistes et des riverain-e-s, au point qu’ils sont obligés de déplacer certaines de leurs activités.

Par peur d’être mal accueillis par les Bruxellois-es, les néo-nazis prennent donc toutes les précautions afin de garder secret l’emplacement de leur Congrès européen.

Nous maintenons néanmoins notre appel à mobiliser et bloquer leur congrès, afin de rappeler qu’il n’y a pas de place à Bruxelles pour des néo-nazis.

RENDEZ VOUS ce samedi 17 décembre à 10H au SQUARE DE MEEUS !