Le local nazi bientôt fermé ?

17807219_277867515957971_2676495566939347825_oLe 26 mars dernier, les néo-nazis de l’Alliance for Peace and Freedom (APF) lançaient un appel aux dons pour financer leur local, situé au 22 Square de Meeus à Ixelles. L’objectif était de récolter 15.000€ afin de pouvoir payer le loyer du local pour le restant de l’année. L’APF a en effet annoncé que, sans cet argent, elle sera obligée de fermer ses locaux à la fin de l’année.

Cinq mois plus tard, l’APF n’a récolté que 2125€ sur 15.000 €. Force est de constater que dans le petit monde néo-fasciste la solidarité n’est pas à l’ordre du jour. Pas étonnant, car à l’extrême droite la politique est avant tout un business, et les petits commerçants de la haine sont là pour s’enrichir. Roberto Fiore, le président de l’APF a pourtant fait fortune dans l’immobilier dans les années 90 grâce à ses réseaux d’extrême droite, mais ne semble pas prêt à financer lui-même l’APF.

D’Alain Soral à Daniel Féret (président du ex-FN belge) en passant par l’APF, les petites entreprises d’extrême droite doivent rapporter gros, mais hors de question de mettre la main à la poche lorsque c’est nécessaire. La différence est flagrante avec les militant-e-s anticapitalistes et antifascistes prêts à tout sacrifier pour les idées qu’illes défendent.

Depuis janvier 2017, le financement européen de l’APF est donc gelé. L’alliance n’est pas parvenue à répondre aux nouvelles normes européennes en matière de subside des groupes politiques et ne peut donc à l’heure actuelle toucher les 600.000 € de financement. Elle n’a pas fourni de garantie bancaire et n’a donc reçu aucun subside pour l’année 2017 et pourrait même devoir rembourser les sommes perçues précédemment.

Peu après le début de notre campagne « Non au local nazi », quatre groupes parlementaires européens ont lancé une enquête visant l’APF. Ils reprochent à l’Alliance de ne pas respecter les principes fondamentaux de l’UE. Certains députés européens, qui qualifient le groupe de raciste et de violent, déploient une procédure inédite pour mettre un terme au financement. Les parlementaires s’intéressent particulièrement à un rassemblement organisé par l’APF en 2016 durant lequel des chants antisémites auraient été scandés.

Nos petits « antisystèmes » de pacotille souffrent donc de ne plus bénéficier des mânes financières accordés par la vile Union Européenne (qu’ils se plaisent pourtant à critiquer) et appelaient donc à la générosité de leurs sympathisants, ce qui n’a pas franchement été une réussite. Comble du malheur, leur compte en banque a été bloqué le 1er avril dernier.

On peut se demander si l’existence de ce local est encore une priorité pour l’APF et si, en coulisse, son sort ne serait pas déjà réglé faute de moyen et d’intérêt politique. C’est en tout cas ce que laisse supposer les récentes déclarations d’Hervé Van Laethem (leader du Mouvement Nation). En effet, le 20 août dernier, Nation a appelé ses sympathisants à financer eux-mêmes le local situé au 22 Square de Meeus à Ixelles. Van Laethem a ainsi affirmé « si l’APF ne sait plus l’occuper nous aimerions que ça devienne le local de Nation au cœur du quartier européen. Nous allons essayer de le garder pour Nation ».

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Pas de « têtes d’affiches » pour le premier anniversaire des locaux de l’APF à Bruxelles. Ni Aube Dorée, ni Fiore, ni Griffin, ni Jacobsson n’avaient fait le déplacement pour l’occasion. Le tout n’aura regroupé qu’une 30aine de personnes.

Avec un loyer mensuel largement supérieur à 1000€, Nation devra compter sur de gros donateurs pour espérer conserver le local. Nul doute qu’ils feront appel à leurs amis du grand capital belge ou aux régimes dictatoriaux qu’ils soutiennent depuis de nombreuses années…

Peu probable que cela plaise aux copropriétaires du 22 Square de Meeus. Il ne fait en effet pas bon genre de louer à des nazis et cela déplaît de plus en plus à certains riches propriétaires qui ont le souci de préserver leur réputation. Entre incapacité à louer et défection de la part de certains locataires, les dents commencent à grincer. Si l’APF a pu se donner une bonne image de façade, c’est largement moins le cas de Nation qui traîne derrière lui une réputation de milice violente n’hésitant pas à agresser des SDF et des migrant-e-s.

La campagne « Non au local nazi, 22 Square de Meeus » dénonce depuis près d’un an l’existence du local de l’APF qui bénéficie d’une évidente tolérance de la part du pouvoir communal et de la police. Les récents et tragiques événements à Charlottesville aux États-Unis (ou une militante antifasciste a été assassinée par un suprématiste blanc) nous rappellent la nécessité de combattre la résurgence fasciste. Lorsqu’on laisse l’extrême droite s’implanter, elle se renforce et se développe et devient alors une menace pour tout-e-s celles et ceux qui ne correspondent pas à ses idées (migrant-e-s, femmes, LGBTQIA, syndicalistes, …).

Depuis que notre campagne existe et au cours de la dernière année, Nation a considérablement réduit sa présence dans les rues de Bruxelles, se repliant dans son local pour des activités – le plus souvent confidentielles – qui n’attirent que peu de monde hormis les militants convaincus. Nation s’est même vu obligé de tenir sa traditionnelle manifestation du 1er mai à… Anvers. Le prochain Congrès de Nation se tiendra quant à lui à Charleroi le 9 septembre prochain alors que ces dernières années ils avaient mis un point d’honneur à les organiser à Bruxelles.

Preuve en est que la seule stratégie de mobilisation payante contre l’extrême droite, est de lui contester la rue et de l’empêcher de s’implanter. Chassé de Bruxelles, Nation essaye de se construire en Wallonie en vue des prochaines élections. A La Louvière notamment où Nation pourrait mener dans les semaines qui viennent des actions islamophobes contre la construction d’une mosquée à Saint-Vaast…

Malgré un avenir incertain pour le local nazi, nous n’avons jamais compté sur les politiciens ou l’état pour mener la lutte contre le fascisme, nous connaissons que trop bien la duplicité du système politique avec l’extrême droite. Tant que ce local existe – quel que soient ses occupants – nous continuerons la mobilisation pour le faire fermer. Nous le répétons, nous n’attendrons pas qu’un drame se produise dans notre ville. Nous ne les laisserons pas s’implanter dans nos quartiers. Nous ne leur laisserons plus jamais l’occasion de mettre en application leur idéologie.